Fanny Stevenson

Une artiste, une aventurière, le livre qui lui est consacré

Nous connaissons « l’île au Trésor », et « l’étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde » ! Peut-être même l’avons nous étudié à l’école. Ces romans sont de Robert Louis Stevenson. Un grand auteur dont on ne sait pas qu’il a eu une vie fragile, une maladie le rongeait depuis l’enfance, et il a passé une bonne partie de son temps alité. Ce qu’on ne sait pas non plus, c’est que s’il n’était pas tombé amoureux et séduit Fanny Van De Grift, ses chef d’œuvres n’auraient tout simplement pas vu le jour. Car non seulement elle lui a sauvé la vie mais en plus son sens artistique et son talent pour convaincre ont favorisé les coups du destins nécessaires au succès qu’il a connu. 

En voyage pour un mois autour de la péninsule Ibérique, j’ai emmené dans mes valises « Fanny Stevenson, entre passion et liberté ». J’ai découvert son histoire, résumée en quelques pages que Alexandra Lapierre a partagé dans « elles ont conquis le monde » .

Cette grosse biographie de 666 pages me faisait de l’œil tout en m’effrayant en même temps. Je lis lentement : est-ce que ça ne serait pas trop long et ennuyeux ?

Mais l’autrice est passionnée par la vie de cette pionnière américaine. Elle partage et raconte avec générosité chaque moment important de la vie de cette femme incroyable. Et j’ai eu du mal à refermer le livre terminé.

Qui est Fanny Stevenson ?

Artiste, bricoleuse, fonceuse, aventurière, amoureuse, courageuse, elle représente tout ce que j’aimerais être, au centuple.

Rien n’est jamais gagné, pour une femme encore moins, au XIXème siècle, encore mois.

Le livre décrit ses revers énormes, ses voyages de milliers de kilomètres à une époque où ça durait plusieurs semaines dans la sueur, la maladie, la peur. Fanny Stevenson a affronté tous ses démons, s’est fait claquer toutes les portes à la figure, mais à chaque fois, comme l’eau qui ruisselle sur la roche, a su trouver son chemin. Trompée, menacée, endeuillée, moquée, elle ne lâche rien. Oh lala.

Quelle enquête inspirante!

Merci à Alexandra Lapierre d’avoir consacré cinq années de sa vie à enquêter sur la vie de Fanny Stevenson, en enquêtant un siècle après elle dans tous les lieux où elle a vécu pour nous partager cette fabuleuse histoire.

On ne pourrait pas la croire si elle avait été inventée. Et je ne savais pas qu’il était possible de faire un « page turner » avec une biographie ! C’est tout simplement génial.

Le livre en quelques mots …

Van de Grift ne devient Stevenson qu’à la moitié du livre. En attendant, on découvre le parcours de cette femme surprenante au moment où elle quitte l’Indianna pour suivre son époux au Far Ouest. Pour cela, elle va faire une expédition qui donne le ton d’une vie d’aventurière, car pour relier Chicago à la Californie, c’était 6 semaines de train, bateau, attente, maladie, peur, et compagnie.

Un voyage qu’elle entreprend avec sa petite fille de 6 ans, sans chaperon, sans presque d’argent.

Rien que cette première épopée m’a passionnée parce que je n’avais pas idée de cette période.

J’ai l’impression de tout connaître des États Unis, à travers les films, les séries. Mais le livre regorge de détails truculents, des odeurs, des inquiétudes des impressions qu’on ne peut pas percevoir dans les films. 

Le début de l’aventure de Fanny, c’est son premier époux qui le crée. La ruée vers l’or, les Indiens, l’amour, la guerre de Sécession. La mort, la survie sont des thèmes récurrents dans le livre.

On plonge dans une carrière d’artiste, des ambitions de femmes au XIXè siècle qui doivent rendre des comptes à un mari qui préfère dépenser l’argent du foyer pour ses maîtresses. Elle part en Europe en pensant apprendre, devenir peintre (quitter ce mari qui ne la respecte pas). Elle souffre d’un manque d’argent, et perd son plus jeune fils dans des conditions épouvantables. 

Puis revis grâce à une villégiature d’artiste dans la forêt de Fontainebleau où elle rencontre - enfin, et pas vraiment sur un coup de foudre, les amours sont tout à fait croustillants - Robert Louis Stevenson. 

Fanny fera de l’écrivain un nom immortel, pour qui elle se donnera corps et âme. Robert Louis Stevenson devient célèbre en partie grâce à elle, ses conseils, ses lectures, son sens de la négociation, et c’est surtout cela que Alexandra Lapierre rétablit, car Fanny Stevenson a beaucoup de détracteurs qui voient en elle une folle, une paysanne, un dragon à la mainmise sur l’auteur. Un personnage haut en couleurs, ça, c’est sûr ! Mais elle va tout faire pour que celui-ci vive, se bat contre sa maladie, une tuberculose. Et ce qu’elle entreprend, elle le réussit. 

Comment elle a permis à Robert Louis Stevenson de passer dans la postérité

Elle qui aime le terrain, faire pousser des plantes, elle va louer une goélette et emmener Robert Louis Stevenson dans les îles du Pacifique. Elle qui a le mal de mer, elle se change en intendante d’équipage, organise des croisières, et sauve littéralement l’auteur de sa maladie, lui offrant quinze années pendant lesquelles il va produire une quantité d’ouvrages. Un peu sorcière, un instinct puissant, une vie incroyable. 

Description de la chambre de Fanny Stevenson.

“Il faut avouer que la pièce présentait un aspect extraordinaire. Parmi les robes accrochées à un grand portemanteau pendaient des brides, des licous, des sangles. Au premier plan, sur un coffre qui devait lui servir de coiffeuse, entre sa brosse à dents, son peigne et ses accessoires de toilette, s’amoncelaient des outils, marteau, sécateur, pinces, burins… Au mur, qu’elle avait tendu de tapas, entre les harnais et les colliers de dents de requin, étaient accrochés un seau, une lance sculptée, une lampe à pétrole. Son lit de camp semblait égaré entre deux caisses de munitions.” 

J’ai adoré les croquis de Joe Strong, qui, pourtant dans la biographie passe pour un affreux bonhomme. Le genre de croquis que je fais en voyage.


Et comme c’est inspirant d’avoir une personnalité comme celle-ci pour justifier d’avoir un bureau bordélique ! Haha. Je plaisante, mais il n’en est pas moins que le terme ‘multipotentiel’ correspond parfaitement à Fanny Stevenson, et le fait de pouvoir accomplir ses challenges, ses passions aussi divers soient-ils de la peinture à la distillerie de parfum, en passant par la construction de meubles, cette multipotentialité-là force le respect. C’est cette faculté à accomplir des choses que j’admire chez les personnes de mon entourage; passer de l’aiguille au clou, du marteau au pinceau, de la guérisseuse à la femme d’affaires. Oui, tout ce que j’admire chez mes amies, ma famille et ce que j’aimerais décidément être. 

Fanny et Robert Louis Stevenson m’ont inspirée pour

  • Leur passion pour l’art

  • Les difficultés financières

  • L’autonomie des artistes

  • Le fait de travailler sur ses projets en toute circonstance

  • Pour les voyages

  • Mettre la vie avant l’art

  • Et s’inspirer de la vie pour créer

Et puis, le discours de l’auteur aux habitants de l’île qui sont pris entre le marteau et l’enclume des différents colons et intérêts commerciaux :

« … Ce que j’ai vu en vous, c’est une armée de guerriers qui luttaient contre toutes les agressions, pour La Défense de notre pays commun. Il y a un temps pour se battre, il y a un temps pour creuser. Vous, les Samoans, vous pourrez combattre vingt fois, gagner trente fois… Mais vos victoires seront toujours vaines ! I l n’y a qu’un seul moyen de défendre Samoa. Écoutez-le avant qu’il ne soit trop tard. Ce moyen, le seul, c’est de construire vos routes, c’est de cultiver vos jardins, c’est de veiller sur vos arbres, c’est de vendre vous-mêmes le produit de vos terres. En un mot, c’est d’occuper et d’utiliser votre pays : si vous ne le faites pas, d’autres à votre place le feront ! »

Et voilà, je crois bien que grâce à ce livre, je suis devenue Stevensonienne. Il me reste à lire les livres - ‘l’île au trésor’, ‘Le cas étrange du Dr Jekyll et M Hyde’ qui a rendu RLS riche célèbre, et puis toute sa production à partir du moment où ils ont navigué. ‘Dans les mers du sud’ et ‘Le trafiquant d’épave’ m’intéressent particulièrement et je les ajoute à ma pile à lire :)  - rappelle-moi de faire un update pour te dire ce que j’en ai pensé ! Ces livres sont libres de droit ici, L’île au trésor. Mais je pense les écouter en livre audio, parce que j’aime ça les livres audio.

Pour prolonger le voyage 

http://robert-louis-stevenson.org/: la communauté Stevensonnienne est bien active. Chaque année, le jour de l’anniversaire de RLS, il y a un événement spécial.

Il est tentant, mais pas tout à fait écofriendly d’envisager un voyage aux Samoa pour visiter la maison des Stevenson ‘Vailima’, l’œuvre de Fanny. Alors j’ai juste fait un tour sur Google

 Et puis les photos et dessins de l’époque sont sur la communauté stevensonienne

Pour les passionné.es d’écriture, Alexandra Lapierre a un blog et une page spécifique avec ses conseils. Et c’est super intéressant de savoir comment elle travaille à partir de personnages existants, comment elle enquête pour mettre en lumière des femmes oubliées. Comment elle se met à la place de ces personnes en se rendant dans les lieux où elles ont vécu. 

Les extraits qui m’ont fait cogiter

Henley à propos de Bob Stevenson. « La bonne fée penchée sur son berceau a dit : « Je lui donne tous les dons. Il pourra tout faire… » (…) Mas sa sœur la méchante fée sourit et dit : « Il sera si fin, si subtil, qu’il ne pourra aller nulle part. » La méchante fée se trompa en partie : Bob a créé la critique d’art en Angleterre et cette création-là ne mourra pas. Mais, en tant qu’artiste, il est parti dans toutes les directions et, sur ce terrain, la prédiction de la méchante fée se réalisa.

Partir dans toutes les directions, c’est mon super pouvoir et ma kryptonite. Je me passionne pour beaucoup de choses et cela me demande un gros effort de passer plusieurs mois, plusieurs années sur un projet comme Les Mal-Aimés par exemple.

Bob Stevenson à propos de son cousin Robert Louis Stevenson 

« Certains artistes ont besoin de réunir les conditions optimales pour travailler. Un climat tempéré, une bonne santé, une rente de mille livre par an, le calme d’un monastère et l’approbation universelle. Ils taillent inlassablement leurs crayons avant de commencer. D’autres travaillent dans la cale d’un bateau, sous les ponts, en crachant leurs poumons, une meute de créanciers aux basques. J’appartiens à la première catégorie. Louis à la seconde. »

Voilà qui est aussi inspirant, pour ne pas attendre « le bon moment », pour se mettre à la tâche sans tarder. Travailler un peu, sur ses projets, c’est mieux que de reporter, d’essayer d’obtenir une approbation quelconque. Mets toi au travail sur ce qui te tient à cœur !

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