Comment écrire un livre en 30 jours

Voici mon journal de bord d’écriture en vidéo du Nanowrimo 2021. Et ci-dessous un bilan plus détaillé de ce challenge un peu fou qui permet d’écrire un livre en trente jours.

 Fin novembre 2021 je gagne pour la deuxième fois ce joli fichier pdf et ça me met dans une joie indescriptible. Quoi ? Je suis facile à contenter, tu trouves ?

Oui, et je crois que toi aussi tu serais trop heureu.se de l’avoir. C’est comme d’arriver en haut d’une montagne, le dernier pas indique une victoire, et il n’y a rien à gagner d’autre qu’une belle vue, au mieux une photo. Mais comme le dit le célèbre proverbe,

« l’important n’est pas la destination, c’est le voyage. »

Et ce voyage là est un beau voyage intérieur : écrire un roman, est l’occasion de dessiner le monde tel que tu le vois, tel que tu le rêves. Et en ce moment, on a tous bien besoin de rêver, n’est-ce pas ?

Je t’explique comment ce challenge d’écriture a changé ma manière de créer, m’a donné une confiance en moi et en ma capacité d’écrire et, oui, pourquoi ça te fera du bien aussi. 

Le Nanowrimo c’est le National Novel Writing Month. Pendant un mois - le mois de novembre, chaque année, ce sont quelque 400 000 auteurs partout dans le monde qui se plongent dans l’écriture d’un roman de 50 000 mots.

1 français.e sur deux rêve d’écrire

Alors déjà, si tu me lis, c’est que tu fais forcément partie de cette moitié de population. Un rêve inaccessible ? 

« La différence entre un rêve et un projet ? Une date ! »

Walt Disney

Alors voilà, c’est souvent ça le plus difficile à faire : caler une date dans son calendrier. Et puis s’y tenir, surtout ! Voilà pourquoi, quand tu t’inscris sur le site Nanowrimo.org, tu prends un engagement avec toi-même, et pas des moindres. 

Tu t’engages à écrire 50 000 mots en 30 jours. Alors on ne sait pas vraiment ce que ça représente, ce nombre de mots. Pour info, c’est l’équivalent d’un « petit » roman, d’environ 120 pages. Trop petit pour ton ambition ? Pas de soucis, rien ne t’empêche de faire plus, d’aller au-delà des 50K, certain.es auteur.ices avec qui j’écris maintenant régulièrement ont déjà atteint les 100 K sur un mois !

Mais bon, si tu veux avoir une idée de savoir dans quoi tu te lances, tu prends un fichier texte, tu lances le chrono, et tu regardes en combien de temps tu écris 1667 mots. C’est le quota journalier. Le nombre de mots à faire chaque jour, comme des petites bouchées pour manger cet éléphant de 50 000 mots. 

Ou tu peux aussi te lancer, comme moi, le premier novembre sans savoir à quelle sauce tu vas être mangé.e et voir au bout de quelques jours si c’est pour toi ou pas. 

Et là : surprise, il devient difficile de se désengager parce que tu as pris un engagement sur le site, devant 400 000 autres auteurs partout dans le monde.

J’avais déjà entendu parler de ce système et j’ai plusieurs fois souhaité le faire, mais 2020 a été une année particulière qui m’a lancée. Et dans le jargon, on dit que j’ai « gagné » le Nanowrimo parce que j’ai réussi, en un mois, à écrire 50 000 mots. Mais ça n’a pas été facile, je te raconte pourquoi.


Parce que j’adore raconter des histoires, créer des personnages, dessiner et inventer des univers. Mais écrire à l’école a souvent été lié aux punitions que j’avais parce que je n’étais pas dans le rang. Et puis après, un formatage d’écriture qui me terrorisait en mode introduction-trois-partie-conclusion…punition-mauvaise-note. Et encore après, écrire un scénario qui « vend » parce que le cinéma coûte cher, et qu’il faut modifier mille fois (minimum, avant de trouver un compromis entre faisabilité, originalité, commercialisation) : bref l’écriture, bien qu’elle m’avait paru magique quand j’étais petite a longtemps été source de frustration. 



D’ailleurs, j’avais un projet de court métrage « Chair Royale » pour lequel j’ai suivi une formation d’écriture au Groupe Ouest. En cinq ou six ans, j’ai fait plusieurs tentatives de « vendre » le projet en réécrivant selon les besoins des appels à projet : mauvaise idée. De toute façon je me sentais nulle en écriture, pas légitime, je ne voyais pas ce que je pouvais faire pour « faire accepter le projet ». 

Sauf que voilà : dans la vraie vie comme dans les contes, il n’y a pas un super scénariste qui vient sauver ton histoire à l’aide d’un beau cliffhanger. Pas le choix, il allait falloir l’écrire cette histoire, si je voulais qu’elle existe. 

Mais les blocages, ça ne se lève pas comme ça et c’est le travail de « libérez votre créativité » qui m’a aidée.

J’en ai parlé longuement dans un autre article, mais en commençant le processus de « libérez votre créativité » je voulais me mettre à écrire. Je savais que j’avais le clavier qui démangeait, mais j’avais besoin de méthode, d’être accompagnée. Et les formations d’écriture de scénario que j’ai suivies m’ont aidée à comprendre la théorie, mais en pratique, c’est comme si j’avais un flow d’histoires et de mots qui bloquaient, s’arrêtaient au niveau des avant-bras, impossible d’atteindre le clavier XD. 

Structurer son envie

Quoi écrire ? Combien de temps ? Est-ce que ça va être bien ? Mais en fait, le talent, ça n’est pas inné, je l’ai déjà vu sur d’autres pratiques artistiques. Ce qu’il faut c’est une activité régulière, un entraînement, des échauffements, des sprints, des tas de pages qui vont à la poubelle et c’est pas grave. Oui ok, mais qu’est-ce que j’écris de manière régulière ? J’avais déjà fait 1 mois d’écriture, une histoire chaque soir, sur un carnet à la main. Que j’ai fait lire à ma mère et à Pierre et … c’est tout. (Et c’est très bien comme ça. )

Mais ces histoires, me coûtaient beaucoup, car je n’avais pas d’échauffement, les idées fourmillaient, mais avaient du mal à sortir, dans l’ordre, je n’avais pas de méthode, tout simplement, et puis, toute seule, c’est pas non plus épanouissant d’écrire des histoires dont on sait que personne ne les lira. Parce que oui, quand on écrit, on a envie d’être lu.e, on est d’accord ? 

Mais avec la méthode de Libérez votre créativité, l’idée est simple : écrire trois pages, chaque matin, au saut du lit, sans réfléchir. Alors oui, c’est de la merde, mais on s’en fout; le but là est vraiment de se décrasser la tête, pour pouvoir être plus libre de ses pensées, de faire le point, et de savoir ce qu’on veut dans la vie. 

Quand j’ai commencé cette méthode, mon vœu était d’apprendre à écrire; 

Et quand on fait un vœu, et qu’on met toute son énergie pendant trois mois à y penser, le travailler, tourner autour, croire en la possibilité que peut-être… à un moment se présente une opportunité ! 

Et donc, non seulement écrire pendant 6 mois 3 pages chaque matin dérouille l’écriture, mais en plus, j’ai pu lever des antennes pour mettre en place mon plan diabolique de « savoir écrire ». 

Je me suis rendu compte, moi qui ne mettais jamais de texte sous mes publications sur mon blog etInstagram, par exemple, que j’osais écrire un texte de plus en plus long, qui me révélait un peu plus, mais qui expliquait aussi mieux mon travail. En fait, on aime bien voir de belles images, mais si on n’a pas le « background », ce que ça signifie pour celui ou celle qui l’a fait, ça ne nous touche pas vraiment. Et je sais que je peux toucher avec mes dessins, mais je voudrais pouvoir aussi toucher avec des mots. 

Devenir autrice

Donc suite à ce processus d’apprentissage d’écriture, qui s’apparente à de la confiance en soi, tout simplement, je me suis inscrite sur un site d’auteurices. Ce site, je l’ai trouvé à la fin d’un livre, où l’écrivaine remerciait son groupe avec qui elle avait écrit, s’était sentie soutenue. Je ne savais même pas que c’était possible, d’avoir un groupe d’écriture.

J’ai commencé à partager des textes (ouh lala je n’en suis pas très fière, il n’y a pas de lien, tu vois), mais le plus difficile était fait : pour moi ça voulait dire, « devenir autrice », pas « être », mais « devenir », comme un ver dans son cocon commence sa métamorphose.

Bon bref, tu vois l’idée. La théorie des petits pas. 

Et comme je passais un peu de temps sur ce nouveau forum d’auteur.ices, j’ai vu qu’elles (majoritairement des filles) participaient au Nanowrimo. J’ai eu quelques jours à peine pour me décider et me lancer. Je savais ce sur quoi je voulais écrire, on verrait bien. 


Quand tu t’inscris sur le site du Nano, tu peux trouver des communautés locales. J’ai cliqué sur celle de ma région (AURA), et si le serveur Discord a commencé par me faire peur, j’y ai trouvé ma place et apprécie chaque jour d’y retrouver des personnes avec qui écrire, sans qu’on ne se soit parfois jamais croisé. Je n’ai jamais vraiment réussi à me sentir bien dans un groupe, je me sens toujours à côté de la plaque, maladroite, nulle, mais ce groupe-là, il m’a super bien accueillie et non seulement je me surpasse en profitant de l’énergie de groupe, mais je suis ravie de pouvoir moi aussi aider d’autres personnes à écrire en les encourageant, ou en leur faisant un logo, un blason.

Je suis très reconnaissante pour ce groupe, le Nano du Milieu, dans lequel j’évolue, grâce auquel j’écris (beaucoup plus) que si j’étais seule dans mon coin. Si vous passez par là, vous vous reconnaîtrez, et surtout toi, Sandrine : merci. 


Lire des messages inspirants

Ensuite, le site du Nano est super bien fait. Il y a un système de badges, de visualisation des performances, et surtout, plein d’outils pour se préparer, écrire, et encourager à se lancer. Les « nano preps », sont des messages d’auteurs et d’autrices du monde entier, qui expliquent pourquoi toi aussi tu dois le faire , je te laisse en lire quelques-uns, et je ne prétends pas écrire un « nano pep talk » à cette hauteur ici, mais de savoir que d’autres sont passé avant toi, ont eu les mêmes doutes, difficultés, et pourtant y sont arrivé, ont même publié plusieurs histoires, c’est super rassurant. 

Commencer à écrire en se disant que personne ne lira

Le maître mot, du Nanowrimo, c’est de se dire qu’on écrit un premier jet. Pas un roman définitif, pas une moitié, un premier jet. De À à Z, pour ainsi dire. Peu importe si ça te semble pourri, bancal, nul, de toute façon, il faut écrire les mots les uns après les autres. C’est tout.

Le mot d’ordre du Nano, est que de toute façon, personne PERSONNE ne peut écrire un roman en trente jours. C’est beaucoup trop court. Par contre, tous ces mots qui sont écrit dans cette période n’auraient sans doute jamais été écrits si on ne s’était pas « bloqué » ce mois d’écriture.

D’ailleurs c’est un autre conseil de Julia Cameron de « Libérez vote créativité » : prendre rendez-vous avec soi-même pour créer. Si ça n’est pas le Nanowrimo, c’est Inktober, ou si vous êtes super forte comme Aurélie BONAMY, vous vous organisez pour prendre une semaine par mois, sans rien devoir à personne; moi je me rends compte que j’ai besoin de cette « redevabilité », cette petite pression qui fait qu’à la fin, j’ai quelque chose. Sinon je suis comme tout le monde, la peur de bien faire m’engloutit et me paralyse, et au final, plusieurs mois plus tard, il n’y a RIEN. 

OR, les conseils du Nanowrimo, sont : 

- quelques mots valent mieux que rien

-on ne peut pas corriger un texte qui n’est pas écrit

- la régularité est maîtresse dans la création, ( et c’est valable dans toute chose, si tu n’est pas déjà convaincu.e par le pouvoir des habitudes, j’en parles ici.


Trouver une communauté d'auteur.ices

J’en ai déjà parlé, pour moi, c’est le Nano du Milieu. J’ai même demandé à être ML en 2021, mais les deux fois où j’ai fait le Nano il n’y avait pas de regroupement possible, à cause de … tu sais quoi. Et les américains (qui organisent le Nano) ont été très claires et très strictes là dessus. Quand j’ai postulé pour devenir ML, on pensait s’être libéré du virus, vaccin et compagnie, et en plein milieu du Nano, recrudescence de cas, ils ont été visionnaires, ça aurait été perturbant.

HA c’est quoi ML ? Municipal Liaison, c’est celle ou celui qui s’occupe d’organiser des regroupements d’auteurs, pour qu’ils écrivent en local. Autant dire, quand tout est en ligne, le job n’est pas pareil, et je n’ai pas mesuré vraiment l’ampleur de la tâche en postulant. Faire les 50 k plus ça, même si tout était déjà bien organisé, ça a été difficile.



1667 mots par jour

 1667 mots, c’est quoi ? Trois ou quatre pages ? Ça ne paraît pas grand-chose, quand tu lis des bouquins de plusieurs centaines de pages, à l’écriture fluide, jamais tu te dis «  ah, l’autrice a du faire une pause ici, et là elle a repris le lendemain après une bonne nuit de sommeil ». Non, on a l’impression que ça déroule ! 

Écrire 1667 mots jour après jour, au bout de deux semaines, il y a une fatigue intense qui se crée. INTENSE. Et chaque mot est plus difficile à sortir. On est toujours passionné, mais ça devient dur. 

C’est le truc qui a divergé entre mon premier et second nano : 

Vous voyez l’expression « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » Mark Twain, j’adore cette citation, pleine de candeur et de determination à la fois; La première fois, je ne savais pas. Et les premiers jours, j’ai consacré 6 ou 7 heures à relire mes notes vieilles de 5 années sur ce projet. Et j’ai donc commencé avec mille mots de retard. Ça ne paraît rien. La courbe des statistiques sur le site du Nano t’indique le nombre de mots en plus à écrire par jour. Et déjà pour moi qui n’écrivais pas beaucoup, ça me semblait un sommet inaccessible, alors LÀ ! J’ai mis au moins une semaine avant de rattraper la courbe et n’avoir « plus que » 1667 mots à écrire par jour. 


Les conseils pour tenir les 30 jours et atteindre les 50 000 mots :

  • écrire le plus possible le premier jour. Ça peut paraître bête, mais prendre de l’avance, c’est mieux que prendre du retard. Le retard c’est stressant, et même pour ceux qui aiment travailler sous pression, le mois de novembre à écrire 50k c’est déjà une bonne pression (je trouve ! ), inutile de s’en rajouter. Sans compter que le mois de novembre est plein de surprises, changement de températures, jour férié (vacances, familles, voyages, microbes), on n’est pas à l’abri de passer quelques jours hors de son clavier. Pour ma part, j’essaie de ne jamais rater une journée d’écriture, même si c’est pour écrire 250 mots.

D’ailleurs, c’est un de mes défis pour 2021 : écrire 250 mots chaque jours depuis le premier janvier, et je dois dire que me mettre en condition pour travailler ne serait-ce que ce petit nombre de mots, il m’a été plus facile de m’atteler aux 1667 en novembre.

Donc si tu te lances dans le Nanowrimo un 1er novembre avec les mains dans les poches, c’est jouable (tu fais partie de l’équipe des jardiniers), mais idéalement, si tu lis ce message à un autre moment, et que ça te donne envie de te lancer, prépare-toi un peu pour ce marathon. 

  • préparer un plan, plusieurs méthodes te permettent de faire cela, moi j’ai bien aimé le « jot bin pants », qui dit qu’on glane des idées de scènes un peu partout dans notre quotidien, et qu’ensuite on les « met dans l’ordre » pour constituer un plan. Je te laisse regarder les autres méthodes qui sont disponibles sur le Nano, et tu en trouveras aussi ailleurs, en français. À la fin de cet article, tu trouveras une petite bibliothèque de références. Préparer un plan peut te prendre entre 1h et quelques mois, selon ton besoin. Je te conseille quand même de t’y prendre en septembre pour être prêt.e pour le mois de novembre.

  • Cette année j’ai essayé la « méthode flocon », pas facile, mais efficace pour creuser de plus en plus les idées; Je te conseille entre 4 et 8 semaines pour bien faire.



La préparation mentale

Oui oui, je ne suis pas en train de délirer, c’est bien un marathon que tu prépares !

  • se préparer les menus pour le mois, le batchcooking, tu connais ? C’est le fait de se préparer à manger un jour pour le reste de la semaine. Parce qu’il ne s’agit pas de s’empiffrer de pizza tout le mois. Bien manger et s’hydrater aide à bien écrire.

    Moi j’utilise la méthode de batchcooking de Cléa Cuisine

  • prévenir son entourage qu’on va être assez occupé, (il faut compter entre une heure et trois heures par jour, selon ta vitesse d’écriture. Mais si vous vivez en couple (comme c’est mon cas) il est bon de prévenir que tu n’auras pas la même disponibilité pour, par exemple, les taches ménagères.

Et qu’est-ce qui m’a pris ? Au moment où j’ai commencé à préparer mon Nano, j’ai proposé à Pierre, mon conjoint, d’écrire son second livre en même temps que moi; Je lui ai dit qu’en un mois il aurait son premier jet de livre, que c’était possible, qu’il écrivait vite et bien, qu’il n’y avait pas de raison qu’il n’y arrive pas… et il a refusé, jusqu’à ce que je lui dise : “tu sais, pendant le mois de novembre, je serai moins dispo pour les tâches ménagères, il faudrait que tu en fasses plus”.

C’est à ce moment-là qu’il a décidé de faire le Nanowrimo avec moi… Coïncidence ? Je ne crois pas. 

  • « ne pas interrompre, écriture en cours » Parce que c’est hyper difficile de se re-concentrer après avoir été interrompu.e. Cécile Duquenne, prend exemple sur un maçon qui serait en train de porter un sac de ciment de 20 kilos. Il n’y a pas son mari (ou sa femme) qui l’interrompt en lui demandant où sont ses chaussettes, ou s’il peut aller déplacer un meuble, un maçon qui porte un sac de ciment, on le laisse porter, on ne lui barre pas la route, on ne l’interrompt pas. UN écrivain.e c’est pareil. Si on doit poser notre sac, vider le lave-vaisselle et le reprendre après, c’est encore plus fatigant. Voilà. 

Donc préparer son environnement, préparer ses proches, voire même leur faire signer un contrat, même oral. Dans tous les cas, ça peut paraître prétentieux, on peut passer pour un artiste perché, égoïste et arrogant, “laisse-moi écrire, je suis en pleine création”. Mais ça vaut le coup parce qu’à la fin on a quelque chose.

  • écrire quand on peut. Grappiller le moindre moment de votre journée pour écrire. Un jour j’avais rendez-vous chez le garagiste pour faire changer mes pneus. Début novembre. Génial. Eh bien j’y suis allé avec mon ordi, un casque et j’ai écrit par bribes autant que je pouvais. 

    Dans la voiture, au travail (certaines s’envoient par mail des morceaux de leur histoire)

    Chaque mot de plus est bon à prendre. 

  • écrire à heure régulière Pense bien à bloquer une heure, si possible toujours la même pour écrire, tu habitues ton corps et ton cerveau à écrire. ça devient automatique de se mettre à écrire. C’est le pouvoir des habitudes.


  • Une chambre à soi Le conseil de Virginia Wolf est bien sûr ici super d’actualité. C’est le mieux ! Si tu peux avoir une pièce fermée où écrire (même si tu discutes avec 400 personnes sur le Discord du Nano du Milieu). Une pièce fermée, est toujours le top. À l’heure où je t’écris, je suis dans le salon, au coin du feu, et Pierre, après avoir écrit ses mots du jour, regarde un film. Il rit, il fredonne, ça m’agace. Mais je pourrais aller m’enfermer dans mon bureau tout froid ou mettre un casque, ce ne sont que des excuses pour ne pas atteindre son nombre de mots. TU peux le faire, en toute circonstance, tu peux le faire;  mais tu n’es pas non plus OBLIGÉ. Cela doit rester un plaisir.

  • Couper les distractions 

    Des amis me disent “ je n’ai pas le temps” de faire le Nano, ou tous ces petits challenges que je me donne. Mais je ne regarde pas la télé, pas de série, rarement des films (surtout au mois de novembre) je ne regarde (surtout pas) les infos, je vais 20 min par jour sur instagram pour faire mon journal de bord vidéo montée. 20 min, pas plus (l’application se coupe au bout de 20 min). Oui c’est frustrant de voir que je me laisse happer par cette application qui joue avec mes neurones. Mais je n’ai rien à gagner avec les petits cœurs d’Instagram, alors que des mots en plus, ils resteront écrits pour toujours; C’est un investissement sur soi-même si on veut. Pas sûr que ça nous rapporte quoi que ce soit un jour, mais déjà, si on n’a pas perdu 1h par jour à traîner sur les réseaux sociaux et regarder la télé, c’est déjà ça de pris. (les français passent en moyenne 3h42 par jour à regarder la télévision : ça fait beaucoup de temps de gagné quand on la débranche ! ) Pour savoir combien de temps tu passes sur tes applications, ton téléphone peut te faire un bilan hebdomadaire; c’est assez effrayant de voir le temps qu’on passe la tête penchée sur des trucs inutiles. (sur Apple c’est le “temps d’écran” et sur l’ordinateur tu peux utiliser “rescue time”)

    Je ne dis pas que c’est une question de volonté, mais de priorité. Il s’agit, pendant un mois de déplacer un curseur, de mettre la priorité sur ce projet plutôt qu’un autre, sur le fait d’écrire chaque jour plutôt que de faire autre chose. Le mois d’après il y a les fêtes, l’occasion de voir les gens qu’on a peut-être moins fréquentés pendant un mois.

Dire “non” aux distractions, c’est dire “oui” à son projet. Allez, trente jours ça n’est pas si long. 

Mais pour être sûre d’y arriver, je fais un gros ménage sur mon téléphone, plus de jeux addictifs, (SIM city je te regarde, tu peux rougir). Sur mon écran d’accueil il y a les choses nécessaires et l’app de Discord pour pouvoir discuter avec mes ami.es auteur.ices, voir quand quelqu’un écrit et que ça m’encourage à m’y mettre aussi. 

  • Créer un rituel

Avoir un lieu, une table même petite qui soit dédiée à l’écriture, un endroit où il ne faille pas pousser tout un tas de bricoles avant de pouvoir s’y mettre, histoire que quand la motivation arrive, elle ne soit pas sapée tout de suite pas un surplus d’énergie à fournir pour débarrasser, charger la souris, etc. Il faut que tout soit prêt pour que tu écrives. Le clavier n’attend plus que toi. 

J’ai une grande maison, dans laquelle j’ai un bureau pour travailler, mais l’écriture se fait toujours au même endroit, pas dans mon bureau, mais dans un canapé, allongée l’année dernière, et cette année, pour être près d’une source de chaleur (grande maison en novembre, ça caille), une micro table dans le salon. C’est MA table, personne d’autre ne pose un truc dessus ou je deviens hystérique; il faut que je puisse m’y sentir en sécurité. J’ai lu des expériences d’auteurs qui s’installaient un bureau … dans leur voiture, ou dans la cave; tout est bon pour être tranquille le temps qu’il faut pour écrire ces 1667 mots. Et pour info, ça va beaucoup plus vite si ça n’est pas trop confortable non plus. 

En plus du lieu, c’est bien aussi de se dire à quelle heure de la journée tu écris. Moi je me suis fixée 20h -22h chaque jour. Bien sûr, quand j’ai une idée dans la journée, je la note tout de suite, et je ne m’interdis pas d’écrire, mais le fait de savoir que le soir, je me consacre à l’écriture, me permet de m’organiser. Les copains vont au cinéma ? Je peux pas j’ai écriture. Cet horaire est bien pour les gens qui, comme moi sont du soir. Mais d’autres préfèrent se lever plus tôt. Pierre s’est levé pendant 4 ans à 5h du matin pour écrire et faire un “miracle morning” avant d’aller au bureau. 

Se donner une heure fixe, c’est éviter de réfléchir chaque jour quand tu vas pouvoir écrire, c’est plus facile. Moi je compte deux heures pour écrire, mais Pierre est plus rapide, il ne s’arrête pas une minute pour respirer. En une heure il peut écrire 2000 mots facilement. 

Un petit rituel, une boisson chaude, un chocolat, une bougie, une musique de concentration (oh lala, sachez que j’adore écrire avec une ambiance de coffeehouse, j’ai même pas honte, et Pierre se moque bien de moi, mais ça me met en transe)

J’ai aussi des musiques “trigger”, qui déclenchent une ambiance, me mettent en route. Une playlist de musique de films dans l’ambiance de ton livre, de bruits blancs, tout est bon à prendre. 

  • Avoir un “accountability buddy” 

En plus d’avoir une communauté, tu peux avoir un accountability buddy, quelqu’un qui te surveille, littéralement, ou plutôt en qui tu es redevable et qui t’est redevable. Quelqu’un qui va dire : arrête de traîner sur les réseaux sociaux, va écrire, va écrire, va écrire. Quelqu’un que tu écoutes et qui t’écoute aussi, si tu as envie de parler. 

Quelqu’un qui croit en toi. Tu as ça en rayon ? Sinon, sur les forums d’écriture, il y a des personnes avec qui tu peux échanger et au fur et à mesure, trouver des points communs, soit dans la manière de travailler, soit dans les thèmes de prédilection, tu peux trouver, même si tu es timide. 

  • Profiter des évènements même en ligne pour augmenter son nombre de mots

Autre chose, tout le long du mois de novembre, il y a des évènements internationaux, régionaux, locaux. Inscris-toi à l’avance pour ces évènements, déjà, tu es sûr de caler ces dates dans ton agenda, et puis ce sont souvent des moments où tu écris plus que tu ne l’aurais fait autrement. On met un compteur, entre équipes, et c’est le groupe qui écrit le plus grand nombre de mots qui gagne (souvent, ce sont des batailles amicales, toujours même, mais c’est motivant au possible! C’est ainsi qu’en une soirée, je me suis vue écrire 5000 mots. En un soir. Un record, que je peux encore augmenter en commençant plus tôt parce qu’à un moment, j’ai les yeux qui voient flou quand même. On ne doit pas se relire m’enfin il faut quand même que ça soit lisible à un moment ! 



Après, il ne faut pas non plus se mettre la rate au court-bouillon. Tu tombes malade, toute ta famille débarque à l’improviste, pour le weekend, l’aîné se fait virer du collège, il y a toujours des circonstances, où ça va être difficile, et il ne faut pas pousser. Ta santé physique, mentale, émotionnelle d’abord. Si tout cela te coûte trop, si ton histoire part à vaux l’eau et que tu n’y prends plus plaisir, si tu es trop fatigué.e ou démotivé.e alors il faut s’arrêter; et considérer que c’est déjà super d’avoir tenté. Peut-être l’année suivante avec plus de motivation, une meilleure préparation, de meilleures circonstances… Sur notre serveur, on a « le tournoi des quatre maisons », en fonction de ta manière d’écrire, tu es dans l’une ou l’autre. Et si juste tu veux profiter de l’élan d’écriture du Nano pour écrire un peu plus que d’habitude, il y a une nouvelle maison qui s’est crée. C’est important de ne pas s’en vouloir, et de choisir ses priorités.


Il ne faut pas culpabiliser, mais pour moi c’était super important de « gagner » ce Nano, les deux fois. J’ai déjà raconté les périodes d’échec créatif dans lesquels je me trouvais, et réussir à écrire mon compte de mots, jour après jour, ça m’a vraiment aidé à prendre confiance en moi. 

Et surtout, quelque chose qu’on n’imagine pas c’est justement à quel point l’imagination est une matière vivante. Si tu es au pire d’une déprime, plonger dans ton univers, faire vivre à tes personnages des aventures hors des frontières des possibilités (pour mon premier nano on était en confinement, j’avais besoin de m’évader) c’est quelque chose d’impayable, un contact avec la spiritualité. Oui, il y a forcément quelque chose de divin dans la création d’un monde. On est là est pas là en même temps, c’est … il faut le vivre, sans doute pourras tu me donner tes propres mots sur ce phénomène, mais je suis sûre que ça n’engage pas que moi. C’est la même sensation quand tu lis un livre vraiment passionnant, sauf que c’est toi qui l’écris et que ça prend infiniment plus de temps, haha ! Donc, c’est cool, et ça doit rester une belle aventure, un moment agréable dans ta vie d’auteur.ice. Je te souhaite vivement de vivre ça. Pierre, qui pourtant n’écrit pas de la fiction, mais qui construit bien un univers avec ses livres, avait un sourire de petit garçon à chaque fois qu’il terminait son compte de mot. Moi ça me met dans un état de satisfaction, comme un chat sur un coussin de soie.


Et pour finir :


Pense à te récompenser ! 

Mes amies du Nano du Milieu s’achètent un calendrier de l’avent pour pouvoir ouvrir une case et manger un chocolat quand elles ont atteint leur quota quotidien. Motivant ! 

Moi je fonctionne à l’inverse. J’ai besoin de fuel pour pouvoir écrire. Je mange ma récompense AVANT d’écrire. Comme ça je suis obligée de faire mon compte de mots. Et quel est ce fuel ? Un morceau de guimauve de chez Guillet, un carré de chocolat (ou deux hé! Faut pas lésiner) (mais noir hein).

Et une récompense à la fin du mois de novembre : un bon resto, un beau livre, une séance de hammam. J’avoue que moi le simple fait de terminé est déjà une sacrée récompense mais j’aime bien me récompenser en m’achetant un jeu vidéo ou un weekend farniente (même à la maison). Pas forcément un truc dispendieux mais quelque chose qu’on s’est empêché de faire pendant un mois parce que c’était sacrément difficile quand même !


POURQUOI TU DEVRAIS FAIRE LE NANO ?

“Ça a l’air difficile, laborieux, et pas si marrant en fait ? Quand on voit ta tête tu as toujours l’air fatiguée après avoir écrit ?”

Personnellement, écrire la première année a été salvateur. 

Certes, la difficulté est de taille, il faut aimer le challenge, mais ce qui peut te convaincre, si ça n’est pas déjà fait, c’est : qu’est-ce que tu auras accompli/ écrit au 30 novembre si tu ne participes pas à ce challenge ? Est-ce qu’il n’y a pas un projet que tu as en tête depuis longtemps qui cherche à aboutir ? N’as-tu pas envie de laisser une chance à cette histoire ? Et même si c’est pour se rendre compte qu’elle n’est peut-être pas si bien, au moins, la mettre à l’épreuve de la réalité, “l’accoucher” est toujours mieux que de la laisser tournoyer dans la tête pendant des années.

J’aime bien aussi cet autre adage du Nanowrimo : il y a des badges et des affiches qui disent “your story matter”, ton histoire vaut la peine d’être racontée. Parce que personne ne peut le faire à ta place, et que oui, chaque histoire vaut la peine d’être écrite. Que se passe-t-il au pire ? Au pire, tu te rends compte qu’écrire n’est pas ton truc, que l’histoire ne tient pas debout et que tu ne veux plus en entendre parler. Mais tu risques aussi d’adorer ça, de vouloir écrire plein d’autres choses, de corriger ton histoire encore et encore si elle ne tient pas debout au premier jet, et tu peux te découvrir une nouvelle passion. Entre nous, à part les dépenses en chocolat, ce n’est pas une passion chère, les outils sont déjà à portée de main et l’apprentissage pour beaucoup gratuits en ligne.

s’évader

Grâce à l’écriture, tu développes une faculté, tu t’évades du “monde réel”, tu évacues des frustrations, tu partages une expérience avec d’autres auteur.ices, et tu peux être fier.e de toi ! Tu inventes un univers, dessines le monde tel que tu voudrais qu’il soit. Et ça bluffe ton cerveau. Il se dit que cet univers existe, que tu y es en sécurité. Ça vaut le coup d’essayer.

Le premier Nano, j’ai écrit mon roman en 110 h, le second en 42H. 

Qu’est-ce que ça m’a apporté ? Mettre enfin une histoire par écrit, rencontrer une communauté, apprendre à écrire, trouver un style d’écriture (les premiers lecteurs m’ont dit que j’avais une “patte”, si tu veux être parmi les premier.es lecteur.ices de mes romans, c’est par ici

Avoir quelque chose d’écrit au cours de ce mois de novembre, plutôt que rien, c’est déjà super. 

Tu trouves que tu n’as pas assez écrit, tu te reproches de n’avoir pas gagné le Nanowrimo ? Voici comment te sentir mieux : 

Imagine que tu perdes tout ce que tu as écrit, oui, tous tes petits mots misérables, ceux qui ne t’ont pas fait gagner le nano. 

Ça t’embêterait quand même, non ? Ça te ferait rager, même ? Ha ! Voilà, ça prouve bien que ça vaut quelque chose à tes yeux et donc que c’est toujours mieux que de n’avoir rien fait ! Félicitation d’avoir dépassé le rien ! 

J’espère que ce retour d’expérience te remontera à bloc pour écrire avec moi, n’hésite pas à me rejoindre sur le site du Nanowrimo où mon pseudo est HeliosCroc et sur la newsletter où j’organise des évènements de créations.

En tous les cas, indique-moi en commentaire si tu comptes te lancer et si cet article t’a aidé.


Et pour finir, voici une bibliothèque de livres qui m’accompagnent pour écrire :

Le héros aux mille et un visages dont j’ai déjà parlé dans un article. Comment reprendre les plus vieux mythes et contes du monde pour créer un schéma narratif qui marche à tous les coups.


”écrire pour le cinéma et la télévision” de Olivier Cotte qui reprend les archétypes. ça m’aide à construire mes personnages.

“écriture, mémoire d’un métier” de Stephen King - grâce à ce retour d’expérience, je laisse toujours passer six semaines avant de relire un manuscrit.

Je pourrais mettre des classiques comme “Anatomie du scénario” de John Truby ou le Robert Mc Kee mais ce sont

C’est trop bien quand tu cliques sur ces liens (et achètes), je touche un pourcentage, et tu n’as même pas besoin de me remercier en m’offrant un café !



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